*Laurence Bonnet par Fréderic- Charles Baitinger*
Laurence Bonnet
L'écume du rêve
« Peut-être sommes-nous en droit de dire: tout enfant qui joue se comporte comme un poète en tant qu'il se crée son propre monde ou, pour parler plus exactement, transporte les choses de son monde dans un ordre nouveau à sa convenance. »
Sigmund Freud
L'univers de Laurence Bonnet appartient à ce qu'il serait bon d'appeler : le monde de l'enfance. Peuplé de créatures aux formes rondes et fécondes, il s'offre à nous avec une sorte de candeur naïve – de divine insouciance. Cherchant, à travers les profondeurs de la couleurs, à faire de ses toiles, de véritables talismans, cette artiste nous invite à plonger avec elle dans les rêveries qui peuplent son inconscient. Et si la peinture retrouvait ici ses vertus curatives, autrement dit, sa faculté de nous redonner le goût du jeu et, par là aussi, peut-être, le goût de l'innocence ?
Tantôt claires et lumineuses, tantôt sombres et tourmentées, les toiles de Laurence Bonnet sont à l'image des émotions qui les fondent : subtiles et travaillées dans les matières qui les forment, intuitives et sobres dans le choix des figures qui peuplent leur terre de songe. Mais, c'est peut-être plus encore dans la conjugaison de ces deux tendances que s'affirme la valeur propre de ces compositions. Car il est clair qu'en ayant su faire de la couleur la véritable trame narrative de ses peintures, Laurence Bonnet s'est donnée les moyens d'articuler ce qui d'ordinaire, s'oppose. A savoir : l'espace (de la figure) et le temps (de la couleur).
Que ce soit sous la forme d'un chat, d'un poisson, d'un cheval, ou plus simplement peut-être, sous celle d'un petit personnage flottant, telle un plume, à la surface de multiples strates colorées, ce qui procure à chacune de ces figures leur féerie n'est pas de l'ordre du détail signifiant, ni moins encore le résultat d'une visée consciente. Non, envers et contre leur teneur figurative, ce qui donne à ces peintures leur poésie n'est autre que la manière avec laquelle cette artiste a su mêler au fond qui les supporte les figures qui les hantent. Que les joies de l'enfance puissent accompagner encore longtemps cette oeuvre.
Frédéric-Charles Baitinger